« On ne part pas au travail pour ne pas revenir » : la mort de Jules, 21 ans, tué dans une machine à recycler, devant les juges

Le groupe Paprec, leader français du recyclage des déchets industriels, avec 13 000 salariés sur 300 sites implantés dans dix pays, est poursuivi pour “homicide involontaire” ce jeudi après le décès de Jules Pertet, un de ses employés, mort broyé par une machine sur le site de Nîmes, le 26 juillet 2023. L’entreprise est aussi visée par une autre plainte pénale pour un incident sur une machine identique, où un employé a été miraculé à Lansargues (Hérault) en avril 2022. Et ce, alors qu’à Nîmes, toujours, un salarié a été tué par un ballot de déchets le 23 mai dernier, entraînant une autre enquête. Explications.

« Ce que l’on attend du procès, comme toutes les personnes qui perdent un être cher, c’est que ces morts invisibles soient rendus visibles et qu’il y ait des condamnations dignes de ce nom. On ne part au travail pour ne pas revenir », nous livre Sylvie Pertet, quelques heures avant l’échéance judiciaire qu’elle attend depuis l’accident, voilà presque trois ans.

Cette mère de famille endeuillée par la perte de son fils Jules sera au premier rang des parties civiles, avec sa fille Clara et le père du défunt, ce jeudi 12 juin, devant le tribunal judiciaire de Nîmes, où la société Paprec, géant français du recyclage de déchets ménagers, est poursuivie pour “homicide involontaire” et des manquements aux obligations de sécurité, tout comme le directeur du site et un employé.

Dans des débats qui s’annoncent aussi techniques que passionnés, sera évoqué ce dramatique accident survenu le 26 juillet 2023 dans l’usine Valréna que gère Paprec à Nîmes.

Jules, 21 ans, technicien, a été tué alors qu’il nettoyait la machine qui récupère les sacs et emballages en les aspirant, travail assuré comme chaque jour avant que n’arrive l’équipe de l’après-midi.

« La machine est repartie, il a été aspiré »

« Jules était en contrat d’intérim, quelques jours plus tôt, on lui a proposé de passer en CDI, ce qu’il a accepté, c’était un très bon élément », rapporte Me Laurence Bourgeon, partie civile. « Il travaillait sur une machine qui est une chaîne de tri, il était technicien de maintenance et au moment où il a nettoyé les pales, la machine est repartie et il a été aspiré. »

L’avocate rappelle qu’un incident identique, sur la même machine “aspire-sacs”, était survenu quinze mois auparavant, sur un autre site Paprec, à Lansargues dans l’Hérault, où un jeune employé a été miraculé, le dossier étant toujours entre les mains du parquet de Montpellier (lire ci-dessous).

En toile de fond, aussi, la mort d’un autre employé, tué par un ballot de déchets, le 23 mai dernier, encore à Valnéra, va peser dans les débats.

Une enquête ouverte par le parquet après un nouveau mort à Nîmes en mai

Cette loi des séries sera forcément évoquée ce jeudi devant le tribunal judiciaire de Nîmes. Après Paul, grièvement blessé à Lansargues (Hérault), le 8 avril 2022, puis Jules, 21 ans, broyé et tué par une machine au centre de tri Valréna de Nîmes, le 26 juillet 2023, c’est un autre employé qui est décédé le 23 mai dernier dans ce même centre de tri Valréna.

Un homme d’une soixantaine d’années a été tué par un ballot de déchets qui lui est tombé dessus. Le parquet de Nîmes nous confirme avoir ouvert une enquête pour “recherche des causes de la mort” et indique que le gérant a été entendu ce mardi 10 juin par les enquêteurs.

« Dire qu’une faute humaine serait à l’origine de ce drame, il faut oser quand même quand vous avez deux personnes, l’une morte, l’autre grièvement blessée, sur la même machine… On attend que la justice saisisse cette machine et la détruise », poursuit Me Bourgeon, indiquant qu’une dizaine de sites posséderaient cet “aspire-sacs”.

Le dysfonctionnement ou non de cette machine sera au cœur des débats et la société Paprec entend plaider la relaxe considérant qu’elle était aux normes.

« Les faits sont contestés du côté de l’entreprise, mais nous réservons nos explications au tribunal judiciaire », réagit Me Antoine Maisonneuve, aux intérêts de la société forte de 13 000 salariés sur 300 sites répartis dans dix pays.

« La cause c’est le non-respect des règles de sécurité »

La position est identique pour le directeur de Paprec Sud Gard qui gérait l’usine Valréna à Nîmes, également poursuivi.

« L’accident de M. Jules Pertet est un drame pour sa famille, ses collègues et l’ensemble du groupe, jamais un salarié ne devrait décéder dans le cadre de son travail », nous indique Me Fanny Colin, son avocate.

« Le groupe Paprec a toujours mis en œuvre toutes les mesures possibles, en termes de formations et d’informations pour assurer la sécurité de ses salariés. Mais ici, c’est le non-respect des règles de sécurité imposées par l’entreprise qui apparaît être la cause de ce tragique accident. »

Le tribunal va donc aussi étudier les questions de consignation – quand les engins sont coupés –, de formation et de l’éventuelle responsabilité des salariés. Un seul est poursuivi : il avait appuyé sur le bouton qui avait fait redémarrer toutes les machines, entraînant le drame.

« Paprec est connu pour ses accidents de travail »

« Paprec est connu pour ses accidents de travail et je crains que l’on ne se décharge sur mon client. Venir taper sur des salariés qui ont exécuté les ordres de la hiérarchie, c’est un peu facile », déplore Me Loubna Hassanaly, aux intérêts de l’employé.

« Il n’est pas responsable de ce qui se passe sur une toute autre machine qui se trouve à plusieurs mètres, et ce qui est fou, c’est qu’il n’y a pas de bouton d’urgence qui puisse permettre d’arrêter quand elle se remet en route ! La problématique, c’est la machine où se trouvait Jules. »

Aujourd’hui, les parents de Jules restent combatifs, en colère aussi, comme nous confiait le père le 31 mai dernier : « Il est décédé comme un chien dans un trou à rats où l’humain, dans cette boîte, n’existe pas. »

Sylvie Pertet, elle, sait que Jules « ne reviendra pas du travail », mais veut « se battre pour les autres », elle qui a rejoint le collectif Stop à la mort au travail.

« La machine m’attrape la tête » : un cas identique à l’accident de Jules survenu dans l’Hérault 15 mois auparavant

Le procès que se tient à Nîmes ce jeudi, où la société de recyclage Paprec est jugée pour homicide involontaire après la mort de Jules Pertet, Paul Masselin n’y assistera pas.

Mais son histoire y sera largement abordée et il a envoyé une attestation libre aux parents de Jules qui sera abordée à l’audience, « et qui va glacer le sang », annonce Me Fabien Martelli, l’avocat de cet Héraultais de 26 ans.

En fait, Paul Masselin a été victime du même accident que le défunt, sur la même machine, lors de la même opération, à la même heure, mais sur un site différent : il était à Lansargues (Hérault) quand cela s’est produit.

« La machine redémarre et m’attrape la tête. J’ai poussé de toutes mes forces pour retirer ma tête, en m’arrachant tout le cuir chevelu, j’ai réussi mais elle m’a attrapé le bras, j’ai hurlé », nous avait raconté ce miraculé (Midi Libre du 4 août 2023), qui a survécu malgré ses graves blessures.

L’article 40 déclenché par l’inspection du travail avait conduit à l’ouverture d’une enquête par le parquet de Montpellier. Mais, étonnamment, alors que l’affaire remonte au 8 avril 2022, quinze mois avant celle de Jules Pertet (le 26 juillet 2023) aujourd’hui jugée, la famille n’a pas de nouvelles alors que l’enquête est bouclée.

« Je relance le dossier tous les quatre mois »

« Je ne comprends pas, je relance le dossier tous les quatre mois, on me fait toujours la même réponse, on me répète : “La procédure est en cours d’examen par le parquet, veuillez renouveler votre demande dans un délai de quatre mois”. Alors je renouvelle, pour la troisième ou quatrième fois », indique Me Martelli.

Contacté ce mercredi, le parquet n’a pas eu le temps de nous répondre.

L’avocat espère des poursuites car pour lui, il y a eu de gros dysfonctionnements au prix de la rentabilité. « Mon client, il est massacré, que des gamins de 20 ans subissent des choses comme ça… L’employeur n’a pas mis de verrous de sécurité suffisants, parce qu’ils ont des obligations de résultats », attaque-t-il.

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