Les accidents du travail mortels : l’hécatombe silencieuse

Le surnom de Jules, 21 ans, c’était Zouzou mais dans la famille personne ne souvient plus très bien d’où ça vient. Le souvenir le plus vif et unanime pour ses proches, c’est celui d’un jeune homme solaire, aime raconter sa sœur ainée Clara : « Il avait une vie déjà bien remplie pour son jeune âge, on le suivait dans ses projets. Il avait une vie riche et inspirante. »La vie de Clara, comme celle de ses parents, a basculé le mercredi 26 juillet 2023. Jules, gendarme réserviste, une année dans la marine, part ce matin-là rejoindre l’usine de recyclage de déchets à 5h30, se souvient encore sa mère Sylvie Pertet. « Il devait rentrer à 14h. Je me suis inquiétée à 14h30, j’ai envoyé un SMS. Il ne m’a pas répondu. À 15h15, la police débarque et m’annonce que Jules est mort sur son lieu de travail », dit cette ancienne militaire, chargée de clientèle dans un grand groupe aujourd’hui. Son ex-époux, père de Jules, lui est arrêté. Il n’a pas pu reprendre durablement son travail de professeur d’EPS.

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Jules Pertet est mort happé par une machine aspirante dans l'usine Paprec de Nîmes.
Jules Pertet est mort happé par une machine aspirante dans l’usine Paprec de Nîmes.

– Famille Pertet

Jules était technicien de maintenance dans une usine Paprec, un des leaders du traitement de déchets (13 000 salariés dans le monde, plus de 30 sites en France). Le jeune homme a été happé par une machine, comme absorbé. En théorie, cet engin est éteint pour être nettoyé quand l’équipe du matin croise celle de l’après midi. Jules intervient à l’intérieur dans ce créneau de mise à l’arrêt. Elle est pourtant redémarrée. Depuis quelques temps, le jeune salarié s’inquiétait du manque de sécurité sur le site, il avait fait part de ses questions à ses proches. Sa mère Sylvie raconte « qu’il voulait poser sa démission après ses vacances qui démarraient le vendredi. Il est mort le mercredi. Il n’y a jamais eu de vacances », explique cette maman à la voix douce et en permanence brisée par un voile de chagrin.Le procès de ses employeurs du groupe Paprec (le PDG du groupe et le directeur du site comparaissent) doit établir des responsabilités, espère Fabrice, le père. « Je veux que ces gens entendent que leur machine a tellement abimé mon fils que je n’ai pas pu le voir pour lui dire au revoir », dit-il en contenant des sanglots. « Je veux leur dire, qu’ils l’entendent. »Jules et sa famille ne savaient pas que 15 mois plus tôt, un accident similaire, dans une autre usine Paprec, à quelques kilomètres de là, sur la même machine, avait gravement blessé un autre jeune homme, Paul, technicien de maintenance lui aussi. Clara, la sœur ainée, est sous le choc quand elle découvre la similitude des deux affaires : « S’ils avaient fait quelque chose après l’accident de Paul, mon frère serait encore là. C’est la preuve que les accidents du travail ne sont pas considérés comme ils se doivent. Nous devons mener ce combat pour Jules, et pour les autres », dit la jeune femme qui, habitée par la force de son frère, s’est mise à la course à pied, comme lui.Plus de quatre ans après les faits de ce premier accident, aucune date de procès n’a été fixé. Le salarié souffre toujours de graves blessures. Quant au site nîmois de Paprec, il a été encore une fois endeuillé fin mai. Un salarié de 61 ans est mort, mais dans des circonstances très différentes de celles qui ont tué Jules Pertet.

Le procès, une étape capitale pour les familles

Johanna fait partie de ces nombreuses familles dans l’attente d’un procès. Son mari travaillait dans une blanchisserie industrielle, qui tournait à plein quand le Covid a débarqué dans nos vies. Il intervient dans un sèche-linge, immense. Il est à l’intérieur quand la machine est redémarrée.Dans sa solitude de jeune veuve, Johanna découvre le collectif « Familles, stop à la mort au travail ». Elle se bat contre ce qu’elle appelle une hécatombe silencieuse. Et ça passe par une meilleure culture de la prévention. « Il faut que les entreprises s’emparent plus de cette culture, un salarié ça se remplace, pas un membre de sa famille ». Elle met en avant les avancées obtenues par le collectif. Désormais, l’entreprise où a eu lieu l’accident a l’obligation de prévenir l’inspection du travail, et pas seulement la police comme avant. Cette avancée est cependant douchée par le sous effectif récurrent dans la profession. Il y a en France un inspecteur du travail pour 10 000 salariés.

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