Le JDD. Auchan et Michelin ont annoncé cette semaine la suppression de 3 600 emplois, faut-il s’inquiéter d’une dégradation du climat économique ?
Astrid Panosyan-Bouvet. Je veux d’abord avoir une pensée pour les salariés affectés et leurs familles. Leur continuité professionnelle et salariale est une priorité des ministères du Travail et de l’Économie, et les opérateurs publics comme France Travail sont mobilisés. Les conditions économiques se durcissent sensiblement, avec une accélération du nombre de procédures collectives ouvertes par les entreprises en difficulté. Avec, de surcroît, des transformations structurelles dans l’automobile ou la grande distribution comme l’illustrent les entreprises que vous citez. Le coût de l’énergie n’a pas non plus retrouvé son niveau d’avant la guerre en Ukraine. Ces fragilités exigent de poursuivre une politique de l’offre qui a donné de bons résultats : stabilité fiscale globale, accompagnement face aux mutations économiques, réponse de fermeté européenne face à une concurrence accrue et parfois déloyale de concurrents chinois ou indiens, allègement des contraintes liées à la surtransposition des textes européens. C’est à ces conditions que nous défendrons l’activité et l’emploi dans les prochaines années.
Maintenir la stabilité de la politique de l’offre ? Pourtant, votre gouvernement veut restreindre les allègements de charges sur les bas salaires. Le groupe Ensemble pour la République a d’ailleurs supprimé cette disposition…
La question du coût du travail est fondamentale. Contrairement à d’autres pays européens, la France finance une grande partie de la protection sociale sur les salaires. Il y a donc une grosse différence entre ce que l’entreprise paie pour la valeur du travail et ce qui arrive dans la poche du salarié. Pour compenser cet écart, nous déployons depuis trente ans des politiques d’allègements généralisés de cotisations patronales. En même temps, pour améliorer le revenu net et inciter au travail des salariés, nous versons la prime d’activité et d’autres aides. Ce système atteint ses limites. Les allègements de cotisations patronales coûtent cher : 80 milliards d’euros, une fois et demie le budget de l’Éducation nationale. Avec en plus un effet pervers de « trappes à bas salaires » : une augmentation de salaire coûte très cher à l’entreprise et ne rapporte pas assez à l’employé.
S’y ajoute, dans certaines situations, le découragement à augmenter une activité, quand un meilleur salaire vous fait perdre des aides. D’où d’ailleurs la pertinence de la mise en œuvre d’une allocation sociale unique ou unifiée (ASU) comme le souhaite le Premier ministre. Sur le projet du gouvernement de revoir les allègements de cotisations, je le redis, je suis prête à une évolution du texte qui est en discussion, en particulier pour atténuer ses effets au niveau du Smic. Je propose aussi une clause de revoyure l’année prochaine pour mesurer les impacts de cette mesure. En supprimant cet article, les députés ont empêché la tenue de ce débat. Je le regrette, mais le gouvernement a donné tous les éléments aux parlementaires pour améliorer cette mesure.
Le coût de l’énergie n’a pas non plus retrouvé son niveau d’avant la guerre en Ukraine
Dans cette réflexion, doit-on explorer l’idée d’un transfert d’une partie du financement de notre système social, sur la consommation, par exemple en augmentant la TVA ?
Il est légitime de s’interroger sur le financement de notre sécurité sociale, vu certains de ses défauts que j’ai évoqués. Mais ce sujet n’est pas à l’ordre du jour, et la mesure que vous évoquez ne l’est absolument pas. L’urgence, c’est le budget 2025.
Vous avez donné aux partenaires sociaux jusqu’au 15 novembre pour dégager 400 millions d’économies sur l’assurance chômage. Souhaitez-vous, dans ce cadre, reposer la question des conditions d’accès aux indemnités ?
Non, nous leur avons tendu la main pour reprendre la négociation là où ils l’avaient laissée et la compléter. Je ne veux pas préempter la discussion. Le Premier ministre et moi voulons avancer en confiance avec les partenaires sociaux parce que nous sommes convaincus que l’apaisement du dialogue social a de la valeur, notamment dans un contexte économique aussi incertain.
« La question du coût du travail est fondamentale »
Vous les avez également mandatés sur le maintien des seniors dans l’emploi. Quel niveau d’ambition leur fixez-vous ?
Je veux le plein-emploi des seniors et je prends tout ce qui marche. Le taux d’emploi des seniors de plus de 60 ans ne dépasse pas 35 % depuis les années 1980 alors qu’il est de 70 % en Suède ou en Allemagne. C’est un immense gâchis social et économique. Les partenaires sociaux sont conscients de l’enjeu. Il y a plusieurs pistes explorées, comme l’idée d’un entretien à mi-carrière pour faire un bilan à 360 degrés sur la santé, les compétences, les aménagements de postes ou les perspectives de reconversion. Nous devons également nous attaquer à la discrimination des chômeurs seniors : à 55 ans, on a très peu de chance d’être convoqué à un entretien d’embauche. Faut-il établir un contrat « senior » de valorisation de l’expérience pour inciter les entreprises à recruter ? Explorons toute la boîte à outils pour qu’elle soit la plus simple à utiliser.
Vous avez écarté l’abrogation de la réforme des retraites, pour autant il faudra rouvrir le dossier : malgré les 64 ans, le système est à nouveau déficitaire et les perspectives sont mauvaises…
Cette réforme était donc cruciale pour prendre en compte l’évolution de la démographie. Mais je sais qu’elle a été source d’anxiété. Avec le Premier ministre, nous avons choisi de rouvrir des discussions sur les possibles aménagements tout en respectant les impératifs financiers. Tout est lié : l’emploi des seniors est impératif pour limiter le déficit des retraites. Il est abordé en ce moment par les partenaires sociaux, en ce qui concerne la retraite progressive notamment.
Partagez-vous la vision du ministre de l’économie Antoine Armand selon laquelle il n’y a pas d’autre chemin que d’augmenter la quantité de travail pour nourrir la croissance ?
Je l’ai dit à la tribune de l’Assemblée nationale il y a dix jours déjà : oui, il faut travailler plus, mieux, et en meilleure santé. Quand vous regardez le nombre d’heures travaillées en France par rapport à l’Allemagne ou l’Angleterre, il y a un différentiel important. Mais ça n’est pas une question de nombre d’heures par semaine ou de jours fériés. Le problème doit se regarder sur la vie entière. En France, les jeunes entrent tard dans le monde du travail et les seniors en sortent plus tôt. C’est le sujet auquel nous devons nous attaquer pour collectivement produire plus de richesse.
Votre collègue Guillaume Kasbarian, à la Fonction publique, pose le sujet des arrêts maladie. Comment résoudre cette « crise existentielle » du rapport au travail ?
Dans le secteur privé, les arrêts de travail coûtent 17 milliards d’euros à la Sécurité sociale en 2024, contre 8 milliards il y a dix ans. C’est la raison pour laquelle, après avoir pris des premières mesures dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, nous ouvrirons ce chapitre au premier trimestre de l’année prochaine avec les syndicats, le patronat et les fédérations professionnelles sans rien éluder : prévention et santé au travail, dialogue de proximité mais aussi suivi de l’absentéisme, abus… Il faut un meilleur équilibre entre responsabilité individuelle, responsabilité de l’entreprise et solidarité nationale.
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