Si l’absentéisme en entreprise baisse pour la première fois depuis 2016, une catégorie de salariés suit une trajectoire particulièrement préoccupante depuis quelques années.
© Illustration Capital / Générée à l’aide de l’IA – L’absentéisme a baissé pour la première fois depuis 2016.
Les jeunes travailleurs sont de plus en plus nombreux à se faire porter pâle. C’est ce que révèle le dernier baromètre* du cabinet de conseil WTW, publié ce jeudi 5 septembre. Un constat surprenant au premier abord, car l’absentéisme global en entreprise – le nombre de jours passés en arrêt de travail rapporté au nombre de jours censés être travaillés -, a diminué pour la première fois en France depuis 2016. Il passe ainsi de 5,4% pour l’année 2022 à 4,8% en 2023. Une baisse qui s’explique par une cause bien précise, selon Noémie Marciano, directrice de l’activité Health and Benefits au sein de WTW : «La vague Omicron avait fortement contribué à augmenter le taux d’absentéisme en 2022», explique-t-elle.
De quoi aussi faire drastiquement baisser la prévalence, c’est-à-dire la part des salariés ayant eu au moins un arrêt dans l’année. Les jeunes travailleurs, âgés de 20 à 30 ans, sont d’ailleurs la catégorie pour laquelle le recul de l’absentéisme est le plus marqué en un an. De 2022 à 2023, leur taux a ainsi chuté de 16%, contre 9,75% en moyenne pour les autres catégories de travailleurs.
Des arrêts plus nombreux mais moins longs
Alors pourquoi s’inquiéter de la défection des plus jeunes travailleurs ? «L’évolution de l’absentéisme des 20-30 ans sur ces dernières années est plus inquiétante que celle des salariés plus âgés», souligne Noémie Marciano. En effet, depuis 2019, la prévalence d’absentéisme des jeunes a augmenté de 11%. En clair, en quatre ans, la part de jeunes s’étant fait prescrire au moins un arrêt de travail chaque année a progressé de 11%, avec un pic constaté en 2022. Une hausse étonnante, selon la directrice d’activité : «Lorsque l’on commence dans la vie active, on est généralement en bonne santé. On n’a donc à première vue aucune raison de s’absenter», estime-t-elle.
A noter que l’absentéisme de ces jeunes est caractérisé par une série d’arrêts répétés, comme en témoigne leur fréquence d’arrêts en forte progression (+3% depuis 2019). Ainsi, un salarié ayant entre 50 et 60 ans ne pose que 1,6 arrêt par an en moyenne, contre près de deux (1,9) pour les 20-30 ans. Cela ne signifie pas pour autant que ces derniers s’absentent du bureau plus longtemps, au contraire : «Ils posent plus souvent des arrêts maladie, certes, mais pour des durées beaucoup plus courtes en moyenne», précise Noémie Marciano. En 2023, la durée moyenne d’un arrêt maladie chez les jeunes était d’une dizaine de jours, contre 29,25 pour les autres catégories de travailleurs. Des arrêts plus courts et ponctuels, qui interviennent souvent sans prévenir. De quoi compliquer la tâche des employeurs dans l’organisation de la vie de l’entreprise.
Il faut dire que le rapport au travail chez les plus jeunes travailleurs a considérablement changé depuis la crise sanitaire : «Ils sont plus sensibilisés à la santé mentale que les autres populations, ou plutôt ils sont plus à l’aise avec le sujet. Ils assument facilement avoir fait un burn-out à 26 ans par exemple», estime Noémie Marciano. Moins réticents à s’arrêter s’ils ne se sentent pas bien, ils privilégient leur bien-être. Les employeurs, eux, doivent s’adapter : «Former les managers, déployer des actions de prévention, proposer du soutien psychologique et du conseil en gestion budgétaire sont également des initiatives à favoriser pour poursuivre l’inflexion de l’absentéisme», préconise-t-elle.
* Etude menée auprès de 2 196 entreprises, représentant un total de 420 280 salariés. Pour mesurer l’absentéisme, tous les arrêts de travail, y compris les arrêts maladie et ceux liés aux AT/MP (accidents de travail, accidents de trajet et maladies professionnelles), ont été pris en compte à partir du premier jour d’absence.
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