Absentéisme dans la fonction publique : le gouvernement veut instaurer 3 jours de carence

Les fonctionnaires vont devoir contribuer, eux aussi et à leur manière, à la réduction des dépenses publiques. Avec deux mesures phares qui risquent de beaucoup faire parler.

La première consiste à la mise en place de deux jours de carence supplémentaires, c’est-à-dire des jours de travail non rémunérés, en cas d’absence. Il s’agit d’un alignement sur ce qui est déjà en vigueur dans le secteur privé, fait valoir Bercy. La mesure s’inscrit dans le cadre du plan de lutte contre l’absentéisme des 5,7 millions d’agents des trois fonctions publiques (État, hôpital et collectivités locales).

Pour mémoire, la création d’un jour de carence dans le secteur public avait été instaurée en 2012 sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Elle avait été supprimée en 2014, par son successeur, François Hollande, puis réintroduite en 2018 par Emmanuel Macron, au début de son premier quinquennat.

Moins de remboursements des arrêts maladies

La deuxième est la baisse de l’indemnisation des fonctionnaires absents pour raison de santé à 90 % de leur traitement (salaire de base), contre 100 % actuellement. En seront toutefois exclus, les agents qui sont en affection de longue durée, qui ont eu un accident du travail ou encore un problème de grossesse. Là encore, le gouvernement veut mettre les fonctionnaires au même régime que ceux qui travaillent dans le privé.

Ces deux mesures chocs, qui devraient rapporter 900 millions d’euros par an, seront présentées par le gouvernement au travers d’amendements au projet de budget 2025. Elles ne sortent pas de nulle part. Elles ont été formulées dans un rapport des inspections générales des finances (IGF) et des affaires sociales (Igas), publié en septembre.

Il avait été commandé en début d’année par l’ancien premier ministre Gabriel Attal, et dresse un tableau assez édifiant de l’absentéisme chez les fonctionnaires, dont le coût est évalué à 15 milliards d’euros, selon Bercy. « Cela a en plus des effets terribles en termes de désorganisation et de dysfonctionnements des services », explique-t-on au cabinet du ministre de la fonction publique, Guillaume Kasbarian.

77 millions de jours non travaillés en 2022

Au total, l’absentéisme dans le public représentait 43 millions de jours non travaillés en 2014 et 77 millions de jours en 2022, soit l’équivalent de 300 000 postes équivalent temps plein. Avant la crise sanitaire, les salariés du privé et les fonctionnaires étaient absents pour raisons de santé environ 8 jours par an. Mais depuis le Covid, l’écart s’est creusé. En 2022, un agent public s’est absenté en moyenne 14,5 jours pour raison de santé, contre 11,7 jours pour les salariés du secteur privé.

Le rapport reconnaît d’ailleurs qu’il a du mal à fournir des explications pour justifier cette envolée des arrêts maladie, en raison d’un manque d’informations et de transparence de la part des administrations. « La connaissance et le suivi des absences se heurtent toujours à des données, outils et pratiques hétérogènes dans la fonction publique », soulignent les rapporteurs, en regrettant également un manque de contrôle des abus.

Les syndicats dénoncent les réformes

Selon eux, la mise en place de nouveaux jours de carence pourrait permettre de réduire l’absentéisme. La réintroduction d’un jour de carence, en 2018, « a rempli son objectif de réduction des arrêts de courte durée et a représenté des économies budgétaires de 134 millions d’euros en 2023 pour le budget de l’État », font valoir l’IGAS et l’IGF. Dans une étude publiée cet été, l’Insee estimait, de son côté, que le retour du jour de carence a fait baisser de 44 % les arrêts maladie d’une journée, de 26 % « les épisodes de deux jours, de 25 % les épisodes de trois jours, de 12 % (ceux) de 4 à 7 jours et de 4 % » les arrêts de 8 à 14 jours.

Sans surprise, ces deux mesures devraient être fortement critiquées par les syndicats. « En arrêt maladie, les fonctionnaires perdent déjà leurs primes dès le 1er jour d’arrêt, sachant que celles-ci représentent en moyenne 24,3 % de leur rémunération. Donc vouloir baisser de 10 % le traitement » équivaudrait à « une perte de plus d’un tiers de leur rémunération », dénonçait Force Ouvrière, en septembre, lors de la publication du rapport.

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