Un jeune livreur se trouve actuellement dans le coma après avoir été percuté par une voiture lors d’une course à Talence, le 6 mars dernier. Ce drame met en lumière les risques auxquels sont exposés ces travailleurs indépendants.
Un grave accident a frappé la communauté des livreurs à Bordeaux. Le 6 mars dernier, un jeune homme de 22 ans a été percuté par une voiture alors qu’il effectuait une livraison à Talence. Transporté en urgence au CHU Pellegrin, il souffre d’un grave traumatisme crânien. Face à ce drame, la Maison des livreurs de Bordeaux et des associations de sécurité routière se mobilisent pour dénoncer l’absence de cadre légal obligeant les plateformes comme Deliveroo ou Uber à sécuriser les conditions de travail. «Le jeune homme est toujours en réanimation à l’heure actuelle, ce qui montre la gravité de la situation et témoigne des risques que l’on prend en tant que livreur», souligne Séverine Beyer, référente plaidoyer sur la santé environnement à Médecins du Monde.
Pour beaucoup d’entre eux, les accidents sont une réalité quotidienne. «Tous les coursiers ou presque connaissent des incidents, parfois mineurs, parfois graves», affirme Séverine Beyer. «Mais comme ils sont considérés comme des travailleurs indépendants, ces accidents ne sont pas officiellement recensés dans les données du travail. Ce manque de visibilité empêche toute réponse adaptée.» Un combat d’autant plus nécessaire que les livreurs heurtent également à des procédures longues et complexes lorsqu’ils tentent de signaler un sinistre aux plateformes. «Les démarches administratives pour obtenir une indemnisation sont si lourdes que la plupart abandonnent», explique-t-elle.
Un rythme de travail intense
La pression des plateformes numériques accentue encore les dangers. «Ces applications incitent les livreurs à travailler aux heures les plus difficiles, notamment la nuit ou par mauvais temps, en envoyant des notifications encourageant à accepter des courses», détaille Séverine Beyer. «Certains en viennent à rêver de leur application tant la pression est intense.» Cette cadence effrénée a des conséquences non seulement sur la sécurité, mais aussi sur la santé des livreurs. «Beaucoup souffrent de troubles musculo-squelettiques à force de pédaler toute la journée sur des vélos parfois inadaptés», déplore-t-elle. «Le surmenage et le stress aggravent encore la situation.»
Face à ces problèmes, l’organisation plaide pour la transposition en droit français d’une directive européenne discutée au Sénat. Celle-ci vise à accorder un statut de salarié aux livreurs, ce qui leur offrirait davantage de protections, notamment en matière d’assurance et de conditions de travail. «Il faut créer des lieux ressources pour les livreurs, mais surtout changer en profondeur leurs conditions de travail. Sans cela, les accidents continueront», alerte Séverine Beyer.
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