L’hypothèse du contresens ne fait plus aucun doute pour expliquer le dramatique accident qui a fait deux morts sur la traversée urbaine de Reims, le vendredi 21 juin vers 19 heures. Les constatations et les témoignages allaient dans ce sens, le procureur de la République de Reims le confirme ce samedi à L’union.
Visibilité réduite dans une courbe
La collision s’est produite dans le sens Paris – Metz, juste après l’échangeur Saint-Remi, au niveau d’une légère courbe précédant la longue ligne droite qui mène au diffuseur de Cormontreuil, 1 500 mètres plus loin.
Il y a trois voies à cet endroit. Un automobiliste roulait sur celle de gauche, où le champ de vision est limité en raison de la courbe : impossible, en cas de contresens, de voir un véhicule arriver de loin et d’anticiper pour l’éviter. Aucune trace de freinage n’a d’ailleurs été relevée sur la chaussée, ce qui laisse penser que les deux conducteurs se sont retrouvés face à face sans avoir le temps de réagir.
Sous la violence du choc, le véhicule à contresens s’est immobilisé à la verticale. Son conducteur avait 80 ans. Destinataires du premier appel à 18 h 57, les sapeurs-pompiers n’ont pu que constater son décès et celui du deuxième automobiliste, âgé d’une quarantaine d’années. Aucune information n’a été communiquée sur les victimes. Un chien a également péri dans l’accident.
Je l’ai croisé avant la sortie Cormontreuil, il était déjà sur la voie de gauche. Je l’ai klaxonné comme un malade mais rien ne l’a fait ralentir
Parmi les nombreux témoins, quelques-uns ont relaté ce qu’ils ont vu sur la page Facebook de la station de radio Champagne FM. « Nous étions sur [la voie du milieu] en partant de Reims direction Troyes quand une personne âgée est arrivée à contresens sur la voie de gauche, arrivant directement sur nous », écrit une auditrice qui estime sa vitesse à 110 km/h (la traversée urbaine est limitée à 90 km/h).
D’où venait-il ?
Un deuxième témoin livre des informations plus précises : « Je l’ai croisé sur la partie trois voies avant la sortie Cormontreuil, il était déjà sur la voie de gauche et j’étais au milieu direction Farman. Je l’ai klaxonné comme un malade mais rien ne l’a fait ralentir et il roulait vraiment vite. Est-ce qu’il a fait demi-tour devant les péages d’autoroute ? »
Le procureur de Reims François Schneider confirme cette hypothèse : l’octogénaire a rebroussé chemin avant la barrière de péage de Taissy, probablement après avoir constaté qu’il s’était trompé de route. Reste à savoir d’où il venait.
Les vérifications sont toujours en cours sur ce point : soit l’automobiliste a loupé la sortie Cormontreuil ou la bretelle d’accès vers la RD944 Châlons/l’A34 Charleville-Mézières, soit il a commis l’erreur à partir du rond-point de Cormontreuil, en s’engageant sur la voie qui mène vers le péage au lieu de continuer tout droit en direction de l’A34 -RD944 ou plus à gauche vers Reims-Centre.
En 1991, au même endroit
Une collision mortelle à contresens sur la traversée urbaine de Reims est un événement rarissime. Il faut remonter à plus de trente ans pour trouver un précédent. Le 3 octobre 1991 en début d’après-midi, quasiment au même endroit, un automobiliste de 87 ans qui roulait dans le mauvais sens s’était tué en percutant sur la voie de gauche une fourgonnette (dont le conducteur fut sérieusement blessé).
À l’époque, l’enquête avait permis d’établir que l’octogénaire s’était engagé sur l’autoroute depuis l’échangeur de Cormontreuil, en direction du péage de Taissy, devant lequel il avait fait demi-tour pour repartir à contresens sur la traversée urbaine. Il avait roulé pendant deux kilomètres, obligeant de nombreux véhicules à se déporter, avant de percuter de plein fouet la fourgonnette qui avait été projetée hors de l’autoroute, sur le toit dans le fossé, en contrebas du pont de l’avenue de Champagne.
C’est à peu près la même distance parcourue vendredi soir par l’automobiliste de 80 ans, avec cette différence qu’il a entraîné une autre personne dans la mort.
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