Une maison isolée, rue du Bocage à Lessay. C’est là que depuis une vingtaine d’années, vivent Marie-Claude et Norbert, 45 ans.
Norbert s’occupe avec des petits boulots après un accident du travail qui a brisé sa vie professionnelle. Marie-Claude ne travaille pas. Ils ont deux grands enfants qui ne vivent plus à la maison.
Norbert et Marie-Claude sont des gens gentils, serviables, mais qu’on sent fragiles, à cause du désœuvrement et de la place que l’alcool prend progressivement dans le couple, causant de nombreuses disputes, voire déclenchant des violences.
Cette histoire fait partie des meurtres ayant marqué le département, que La Presse de la Manche vous raconte en 50 épisodes.
“Il faut sauver Norbert”
Un soir de la fin août 2000, un coup de feu claque dans la maison. Marie-Claude est retrouvée par terre, imprégnée d’alcool, devant la porte d’entrée d’un voisin.
Elle n’a qu’une phrase à la bouche : “Il faut sauver Norbert”. Les pompiers arrivent, elle s’entête : “Norbert est mort”.
C’est à ce moment-là que le voisin aperçoit sur la chaussure de Marie-Claude, une tache de sang. Il comprend aussitôt.
Dans la cuisine de sa maison, Norbert est retrouvé allongé par terre, mort, la poitrine défoncée par une décharge de fusil de chasse. Marie-Claude explique simplement qu’elle ne pensait pas que le fusil était chargé. Le coup est parti tout seul.
“Si tu continues, je vais te tuer…”
Son procès s’ouvre à la session de juin 2002 des assises de la Manche. Et va mettre au grand jour le malheur de la vie quotidienne du couple.
Tous les témoignages se recoupent pour dire la misère dans laquelle vivent Norbert et Marie-Claude. Mais aussi la fierté qui les empêche de s’en remettre aux services sociaux.
Tous les témoignages soulignent leurs étranges relations : Marie-Claude se laisse “facilement entraîner, dominer. Elle recevait des coups, je le savais. Je lui disais de taper du poing sur la table. Mais elle trouvait toujours des excuses à son mari. C’est vrai qu’à jeun, Norbert était un homme très bon, rendant service. Et dessaoulé, il ne pouvait pas croire qu’il tapait sur sa femme”, raconte la mère de Marie-Claude à la barre, avant d’ajouter que “quand ils se séparaient, ça ne durait pas. Ils ne pouvaient pas se passer l’un de l’autre”.
L’alcool et la violence s’installent, quotidiennement. Leur fille se souvient de son père plaçant un couteau de cuisine sur la gorge de sa mère, ou la menaçant d’une baïonnette.
En 1997, le ton monte comme jamais encore, et Marie-Claude ramène un fusil dans la chambre, le montre à Norbert et lui dit :
“Si tu continues, je vais te tuer !”
Devant leur fille qui assiste à la scène, Norbert se saisit alors du fusil et pose l’extrémité du canon sur la tempe de Marie-Claude. Heureusement le petit copain de la fille a la présence d’esprit de prendre le fusil avant que la situation ne dégénère davantage !
Après-midi canapé « Les feux de l’amour »
On en arrive à la journée du 23 août 2000, marquée par un déjeuner du midi entre amis, un après-midi canapé/Feux de l’amour qui n’en finit plus, à tel point que Norbert décide de rentrer à pied chez lui.
Marie-Claude, pendant ce temps-là, traîne, d’amis en voisins. Dénominateur commun de la journée, l’alcool : du mousseux, qu’on boit généreusement dès la fin de la matinée.
À 22 h 15, Marie-Claude rentre enfin chez elle. Elle y retrouve Norbert, attablé devant la télé. Elle se souvient :
“Je me suis assise au bout de la table, j’ai regardé moi aussi. “On n’a pas dû se dire grand’ chose. Je lui ai demandé comment il était rentré. Il m’a répondu qu’il avait pris l’ancienne ligne de chemin de fer Lessay-Coutances. Il s’est levé pour rentrer les poules et ramasser les œufs. Quand il est revenu, il a rangé les œufs, il s’est assis. Puis il s’est relevé presqu’aussitôt. Il est allé chercher une bouteille de mousseux et deux verres. C’est lui qui a servi. J’ai dû lui dire quelque chose qui ne lui a pas plu. Je ne sais plus, j’ai dû l’envoyer balader”.
“Arrête de faire l’imbécile”
Une gifle vient balayer les lunettes de Marie-Claude qui se brisent sur le carrelage.
“Là, il a commencé à s’énerver. Comme d’habitude, il s’en est pris à mon père, aux militaires, “tous des cons, tous des lâches, qui ne savent rien foutre”. Il savait que je n’acceptais pas qu’on insulte mon père. A chaque fois, il prenait plaisir à insister. J’ai répondu que le lâche, c’était lui, qu’il avait de la chance que mon père ne soit plus là pour lui mettre une bonne trempe”.
Norbert sort de la pièce un instant, et revient avec le fusil :
“Il l’a posé sur la table, juste devant moi. Je n’ai pas fait attention parce que ce n’était pas la première fois qu’il me mettait une arme sous le nez. Pour moi, c’était du cinéma. Il pensait peut-être me faire peur”.
Norbert se rassoit. D’un coup, Marie-Claude prend le fusil, pose le doigt sur la détente. Le canon est pointé sur la poitrine de Norbert. Il esquisse un mouvement : pour se lever, pour prendre l’arme ? Le coup part.
“Je n’ai pas eu conscience d’appuyer. J’ai compris que j’avais appuyé sur la détente quand j’ai entendu le coup de feu ! Pour moi, le fusil n’était pas chargé. Il n’y avait plus ni cartouches, ni balles à la maison. J’ai pris le fusil, peut-être pour lui montrer que je pouvais moi aussi lui faire peur et que j’étais capable de me rebiffer”.
Norbert s’écroule, Marie-Claude se précipite :
“J’ai balancé le fusil sur la table et j’ai crié à mon mari : “arrête de faire l’imbécile !” J’ai fait le tour de la table. J’ai vu son sweat-shirt tout rouge. Alors, je me suis mis à terre, j’ai pris sa tête sur mes genoux : “bouge, fais quelque chose !” Mais il ne bougeait pas. Je suis sortie”.
En toute conscience ?
Un ami vient témoigner à la barre, parlant du mal de vivre de Norbert -plus de travail, le naufrage dans l’alcool, l’isolement -et de ses pulsions suicidaires : “je l’ai senti au bout du rouleau”.
Un expert psychologue décrit précisément les relations entre le mari et la femme : “un climat de violences conjugales sous-tendu par une volonté de faire mal, avec une surenchère permanente. Un jeu de défi” que Norbert fait monter d’un cran à chaque fois, en menaçant Marie-Claude avec un couteau, une baïonnette, un fusil, et en s’enfonçant un peu plus dans l’alcool.
Jusqu’au moment où, encore lucide, il s’aperçoit qu’il est fini et que c’est finalement lui qui est en train de perdre le jeu du défi.
Alors -peut-être- élabore-t-il son dernier acte en toute conscience ?
Le 23 août 2000, il rentre tout seul chez lui et pendant les trois heures pendant lesquelles il reste seul dans la maison, il a le temps d’aller chercher le fusil qui est habituellement dans la chambre, d’y mettre deux cartouches, d’en tirer une pour vérifier le bon fonctionnement de l’arme, puis de ranger celle-ci dans une pièce du bas.
Après la dispute du soir, il va chercher le fusil, vient presque le mettre dans les mains de sa femme, comme pour un ultime défi : t’en es pas capable !
Elle, croit, effectivement que l’arme n’est pas chargée : cela fait six mois qu’il n’y a plus de munitions à la maison. Quand elle prend le fusil, le coup part presque aussitôt.
Elle l’a tué. Et lui, a finalement remporté la partie, puisque pour son crime, elle va aller en prison…
Une théorie que l’avocat général ne “gobe” pas, attribuant un rôle de provocatrice à Marie-Claude qui savait en outre qu’en empoignant le fusil, un drame risquait d’arriver.
L’avocat général réclame entre 8 et 9 ans de prison : les jurés en donneront finalement 6.
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