Deux personnes meurent au travail chaque jour, en France. Les accidents touchent les secteurs du BTP, de l’agriculture, de l’industrie, malgré les campagnes de prévention. En Bretagne, depuis le début de l’année, le travail a tué 9 salariés. Un collectif de familles de victimes veut briser le silence.
Depuis le début de l’année 2024, les accidents du travail, en Bretagne, ont coûté la vie à neuf personnes. Pour la plupart des hommes jeunes. En 2023, selon les données de l’inspection du travail, 29 Bretons sont morts au travail.
Les secteurs de l’agriculture, des transports et de l’industrie sont les plus touchés. Malgré les campagnes de sensibilisation, la sécurité des salariés est loin d’être assurée.
C’est sur un chantier d’Ille-et-Vilaine, à Lieuron, qu’Alban a fait une chute mortelle de cinq mètres, le 10 mars 2021, alors qu’il installait des panneaux solaires. « Il est mort le jour de ses 25 ans, relate sa mère. Il travaillait sur le toit d’un hangar, il y avait des tuiles en plastique et il est passé à travers ». Ni échafaudage ni filet ni harnais n’avaient été prévus pour le protéger.
La justice a condamné son employeur, en première instance, à 36 mois de prison dont 18 mois ferme. Le dossier est allé devant la cour d’appel de Rennes. « Le fait qu’il y ait de la prison ferme est un message important à l’attention de tous les employeurs, estime l’avocate de la famille d’Alban. Ils doivent se soucier de la sécurité de leurs salariés, pas seulement parce qu’il s’agit de la vie des gens mais parce qu’eux aussi peuvent être privés de liberté s’ils commettent des manquements graves ».
Au nord de Rennes, la construction d’un bâtiment vient d’être stoppée par deux inspecteurs du travail. Ces derniers prennent leur téléphone et appellent le patron de cette entreprise de BTP pour lui signifier la suspension immédiate des travaux. « Notre priorité, ce sont vos travailleurs, lui expliquent-ils. Et c’est non négociable ».
Sur place, au cours de leur contrôle, ils ont relevé plusieurs dysfonctionnements. Un échafaudage installé par des salariés qui n’ont pas été formés pour le faire, pas de garde-corps, des équipements de protection « incomplets », un accès au chantier avec un risque de chute à chaque passage des ouvriers. « Sur 10 contrôles, souligne l’un des inspecteurs, on prononce entre 3 et 4 arrêts. Ce n’est pas rare ».
Le collectif Familles, stop à la mort au travail, créé en 2023, se bat aux côtés de ceux et celles qui ont perdu un proche victime d’un accident mortel du travail. Il est venu soutenir la famille d’Alban lors des procès à Rennes. De même a-t-il organisé une marche blanche, le 24 février 2024 à Concarneau, « pour briser le silence autour d’un fait de société dont personne n’a conscience ».
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« Il n’est pas normal de mourir au travail, dit ce collectif. Les familles des victimes ont bien l’intention de faire changer les choses ».
(Avec Sylvaine Salliou)
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