Nucléaire. Début du chargement du combustible à l ‘EPR de Flamanville, qui va (enfin) démarrer : rétrospective d’un chantier-fleuve

Le top départ était très attendu. Le réacteur EPR de la centrale nucléaire de Flamanville (Manche) va pouvoir démarrer. Le début du chargement du combustible a eu lieu ce 8 mai 2024. Dix-sept ans après le lancement de la construction de ce réacteur, retour sur l’histoire d’un chantier pharaonique, marqué par de nombreux dérapages de coûts et de calendrier.

Son démarrage était presque inespéré. Douze ans après la date de mise en service initialement prévue, lEPR de Flamanville dans la Manche, peut démarrer. Le chargement du combustible a démarré ce mercredi 8 mai 2024, à 14h. Une première étape indispensable avant la connexion au réseau d’électricité, annoncée par EDF « à l’été 2024 » avec une montée en puissance progressive.

A la suite de la délivrance de l’autorisation de mise en service de l’EPR de Flamanville par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) mardi 7 mai, les équipes d’EDF ont débuté le chargement des assemblages du combustible dans la cuve du réacteur le 8 mai 2024 à 14h

Communiqué d’EDF

« Le chargement durera plusieurs jours. 241 assemblages combustible vont être chargés dans la cuve du réacteur, explique le fournisseur d’énergie dans un communiqué. Puis, EDF poursuivra les opérations de démarrage, contrôle et essais, sur plusieurs mois, en lien étroit avec et sous le contrôle de l’ASN ».    

L’EPR devait être le fleuron de l’industrie nucléaire française, mais il a accumulé les déboires depuis les premiers travaux engagés en 2007. Le lancement de ce réacteur nucléaire à eau pressurisée de troisième génération n’a cessé d’être reporté et la facture a explosé. Le coût total est estimé par EDF à 13,2 milliards d’euros, soit quatre fois le budget initial de 3,3 milliards d’euros. En 2020, la Cour des comptes estimait la facture à plus de 19 milliards d’euros…

Petite rétrospective des moments clés de ce chantier-fleuve.

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2008, une première défaillance

Le ver était-il dans le fruit ? En 2008, un an seulement après le début du chantier de l’EPR de Flamanville, des malfaçons sont mises en évidence lors d’une visite de routine de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Le gendarme du nucléaire relève la non-conformité de certains ferraillages des fondations du futur bâtiment de stockage des combustibles. Des fissures sont apparues « à la suite de la coulée d’un bloc de béton composant le radier de l’îlot nucléaire de l’EPR« , signale l’ASN.

L’association Greenpeace France monte alors au créneau. « Pour nous, c’est extrêmement important en termes de sûreté nucléaire« , s’insurge le militant Yannick Rousselet, avant de poursuivre : « on est en train de parler de ce qui va tenir un réacteur de 1650 mégawatts et qui va être obligé de résister, si jamais un jour comme à Tchernobyl, ce cœur fond ».

EDF se défend et s’engage à renforcer ses contrôles : « ce sont aujourd’hui des points de détails qui n’ont aucune conséquence sur la qualité mais qui interpellent et qui nous demandent d’améliorer l’organisation de notre surveillance« . Cette première défaillance impose d’interrompre pendant deux mois le bétonnage. C’est le début d’un chantier sans fin.

Un chantier qui tiendra ses délais ?

Quelques mois plus tard, selon Le Canard enchaîné, des techniciens rencontrent de sérieuses difficultés sur un travail de soudure. Conséquences, d’après les informations de l’hebdomadaire satirique, « l’EPR explose son calendrier » et « les travaux affichent neuf mois de retard« . Mais EDF s’obstine malgré tout : « l’objectif de démarrage de l’EPR en 2012 est maintenu« .

Le chantier donne toutes les assurances d’aboutir dans les délais.

Nicolas Sarkozy

Président de la République, en 2009

En 2009, le président de la République Nicolas Sarkozy est en visite sur le chantier, pour un premier bilan. Celui qui avait décidé d’implanter l’EPR à Flamanville alors qu’il était ministre de l’Economie, ne veut pas voir ces premières difficultés comme un frein. Le chantier « donne toutes les assurances d’aboutir dans les délais« , se rassure le chef de l’Etat.

2012 : des défauts au niveau du pont polaire

En 2012, des défauts sont repérés sur les consoles du pont polaire. Situé sous le dôme du bâtiment réacteur, le pont polaire repose sur des consoles fixées à la structure du bâtiment réacteur. Il sert à la manutention de charges lourdes.

Les travaux prennent alors du retard sur le chantier de l’EPR. Ce nouveau contre-temps contraint EDF à cesser la construction du réacteur nucléaire et à reporter d’une année la pose de son couvercle.

La date de mise en service du réacteur dernière génération est d’abord reportée à 2014, puis à 2016 et le coût estimé s’élève déjà à 6 milliards d’euros.

Pour maintenir le cap, EDF continue les travaux et la construction des bâtiments autour du réacteur. L‘intervention de « Big Benny », l’une des plus imposantes et coûteuses grues du monde est indispensable. Elle est la seule à pouvoir poser le dôme de l’EPR. Résultat : celui-ci sera installé avec un an de retard et la facture continue de grimper.

2015 : un procès pour travail dissimulé

Absence de bulletins de paie, accidents du travail non déclarés… En 2015, une affaire de travail dissimulé vient entacher le chantier de l’EPR. Ce chantier, alors considéré comme l’un des plus importants d’Europe, fait appel à des entreprises sous-traitantes. La société Bouygues sera condamnée en 2021 car elle a eu recours aux services d’une entreprise polonaise d’intérim Atlanco et de l’entreprise roumaine Elco. Les faits de travail dissimulé concernaient 450 ouvriers polonais et roumains.

2015 : des anomalies sur la cuve

C’est le point noir le plus marquant sur le chantier de l’EPR : les anomalies sur la cuve, révélées en 2015 par l’Autorité de sûreté nucléaire. Cette gigantesque enveloppe d’acier de 450 tonnes, destinée à accueillir le réacteur du cœur de la centrale n’est pas assez solide. Le sommet et la base de la cuve manquent de résistance.

Cette anomalie de fabrication sérieuse « affecte certaines caractéristiques mécaniques de résistance de la cuve, en cas notamment d’accident« , explique à l’époque le président de l’ASN Pierre-Franck Chevet. En clair, si le réacteur était amené à trop chauffer, la cuve pourrait se fissurer et entraîner des fuites radioactives.

EDF obtiendra l’autorisation de démarrer son réacteur avec le couvercle, à condition de le remplacer après 18 mois de fonctionnement.

2017 : des défauts de soudures, le coup de grâce

Les déboires de l’EPR n’en finissent pas. En 2017, des défauts de soudure sont détectés. EDF reconnaît l’existence de 66 soudures défectueuses dont 8 soudures très difficiles d’accès, entre le bâtiment réacteur et la salle des machines. L’ASN demande à EDF de réparer ces soudures, pour se mettre en conformité.

EDF s’était engagé à faire mieux que l’exigence, c’est-à-dire à appliquer une démarche d’ « exclusion de rupture », mais ces exigences n’avaient pas été spécifiées aux entreprises sous-traitantes. Quatre années auront été nécessaires pour réparer toutes les soudures.

Au-delà des défauts décelés et des réparations à effectuer, le temps passe, le matériel vieillit et il faut parfois le remplacer avant même qu’il n’ait servi. De quoi accentuer encore le dérapage financier de ce chantier pharaonique.

2022 : le mea-culpa de l’ancien patron d’EDF

En 2022, Henri Proglio est auditionné à l’Assemblée nationale et reconnaît lui-même le fiasco de l’EPR. Pour l’ancien président d’EDF, il s’agit d’un « enjeu beaucoup trop compliqué, quasi inconstructible« . Il admet lors de son audition : « j’ai eu la faiblesse d’annoncer pour 2014 la connexion au réseau« .

Porté par un regain d’intérêt pour le nucléaire, EDF veut désormais déployer des réacteurs de troisième génération en France et en Europe, avec un objectif de deux réacteurs par an. Un pari osé, au regard des dix-sept années de retard et de l’explosion du budget du chantier de l’EPR de Flamanville.

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