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2022 a été une mauvaise année pour les créateurs impliqués dans les bandes dessinées Batman. Tout d’abord, Neal Adams est décédé le 28 avril, puis George Pérez (qui a co-créé le troisième Robin) le 6 mai, puis Tim Sale le 16 juin, et maintenant Alan Grant le 20 juillet. Tous ces hommes ont eu une profonde influence sur l’une des figures les plus éminentes de la culture pop américaine, mais l’écriture d’Alan Grant Bandes dessinées policières, Homme chauve-souriset L’ombre de la chauve-souris de la fin des années 1980 au début des années 1990 peut être l’idéal platonique de ce à quoi les histoires de Batman devraient ressembler et se lire.

Alan Grant est né à Bristol, en Angleterre, en 1943, mais sa famille a déménagé en Écosse avant qu’il n’ait un an. Grant est issu d’un milieu ouvrier car son père et son grand-père étaient tous deux mineurs de charbon. Enfant, il était régulièrement battu à l’école pour corriger sa gaucherie et expulsé à plusieurs reprises de l’école pour de prétendus problèmes de discipline. Cette éducation, ainsi qu’une arrestation en 1969 pour possession de LSD, ont conduit à un scepticisme permanent envers l’autorité qui serait un thème récurrent tout au long de sa carrière d’écrivain. Après avoir travaillé brièvement dans une banque, il a commencé sa carrière dans la bande dessinée en tant que rédacteur en chef pour l’éditeur DC Thompson qui payait si peu que Grant devait travailler comme serveur à temps partiel. Lorsque son patron l’a vu à ce travail, on lui a dit de démissionner parce que le patron ne voulait pas donner l’impression que DC Thompson payait mal ses employés. Après avoir travaillé pour DC Thompson, il part pour IPC où il travaille sur le titre Seigneur des étoiles avant que ce titre ne soit intégré à l’anthologie populaire de science-fiction 2000 après JC. Après la résiliation de Seigneur des étoilesil a continué à écrire pour 2000 après JC avec sa première œuvre imprimée en 1979.

Grant a formé un partenariat avec son collègue auteur de bandes dessinées John Wagner pendant environ dix ans à partir de 1979. Ensemble, les deux ont travaillé sur le populaire Juge Drdd long métrage, sur un homme de loi fasciste dans un avenir dystopique aux États-Unis, dans 2000 après JC. Sur le titre, les deux ont collaboré avec une foule d’artistes talentueux dont Brian Bolland, Carlos Ezquerra, Steve Dillon, Mick McMahon et bien d’autres pour raconter des histoires épiques comme « Block Mania » et « The Apocalypse War ». La série contenait également des éléments de comédie et de satire politique. L’histoire «Lettre d’un démocrate» présente Dredd tuant un groupe de terroristes de la tendance démocrate (le nom tiré de la tendance militante marxiste) et donnant un avertissement effrayant: «La démocratie n’est pas pour le peuple, citoyen». Une histoire de suivi « Revolution » raconte que Dredd et ses compatriotes du ministère de la Justice sabotent une marche pro-démocratie pour saper l’opposition au régime totalitaire du juge. Le partenariat d’écriture de Wagner et Grant a pris fin en raison d’une divergence d’opinion sur l’endroit où prendre le personnage du juge Dredd. Wagner voulait humaniser le personnage tandis que Grant voulait le pousser plus loin dans le domaine de la méchanceté. Les différences ont atteint leur paroxysme pendant le scénario « Oz » dans lequel Dredd laisse partir un jeune contrevenant au lieu de lui tirer dans le dos, comme le voulait Grant.

Aussi dans les pages de 2000 après JC Grant et Wagner ont écrit Chien Strontium, une série sur un chasseur de primes mutant, Johnny Alpha, qui traite des préjugés en raison de son héritage mutant. De la même manière que les X-Men de Marvel, la série utilise les mutants comme allégorie de l’oppression des groupes minoritaires. Dans le documentaire Futur choc! L’histoire de 2000 après JCl’auteure sud-africaine Lauren Beukes rappelle que l’utilisation de l’allégorie permettait Chien Strontium pour échapper aux censeurs de l’époque de l’apartheid et atteindre les mains de jeunes lecteurs impressionnables. L’une des meilleures collaborations de Grant et Wagner a été la mini-série de quatre numéros le dernier américain (décembre 1990 – mars 1991) illustré par Mike McMahon. L’histoire contient des thèmes anti-guerre et antimilitaristes évidents alors que le protagoniste Ulysses S. Pilgrim se réveille d’une animation suspendue après une guerre nucléaire et doit voyager à travers les friches irradiées d’Amérique pour voir s’il est vraiment le dernier Américain. Le style de gros blocs de la bande dessinée de McMahon convient également au paysage américain dévasté et aux délires cauchemardesques de Pilgrim alors qu’il perd son emprise sur la raison. L’histoire est drapée d’effroi, très similaire au drame de la BBC Fils, avec un peu d’humour noir et de satire politique pour alléger l’ambiance. Il est également remarquable que la dernière histoire du partenariat classique Wagner-Grant.

Dans le cadre de la bande dessinée « British Invasion », Wagner et Grant ont été amenés à travailler sur Bandes dessinées policières, avec Batman. Alors que Wagner est parti tôt, en raison de la dissolution de leur partenariat d’écriture, Alan Grant est resté pour écrire Batman sur trois titres pendant 9 ans. Grant a passé la partie la plus fructueuse de cette période à travailler avec Norm Breyfogle, un artiste qui excellait dans le travail de personnage expressionniste et les séquences d’action fluides et dynamiques. Les histoires de Grant sur Batman sont mêlées à l’humour noir et à la satire politique qu’il avait précédemment développées dans 2000 après JC. BD détective 590 (septembre 1988) contient des terroristes sympathiques du Moyen-Orient qui dénoncent l’hypocrisie de la condamnation du terrorisme par le gouvernement américain tout en soutenant les tyrans et la terreur d’État dans le monde entier. Ce message est encore plus impressionnant étant donné la vague de méchants terroristes du Moyen-Orient dans la fiction populaire des années 1980. Le problème suivant, BD détective 591 (octobre 1988) contient un message antiraciste relatif au traitement des Australiens aborigènes.

Grant a co-créé plusieurs personnages durables de Batman, dont l’homme corrosif, le ratcatcher, le tueur en série Victor Zsasz, Scarface et le ventriloque (une marionnette de gangster qui sert de double personnalité au ventriloque aux manières douces) et le justicier de gauche Anarky. . Il a fait ses débuts en BD détective 608 (novembre 1989) et était un repoussoir parfait pour Batman, jeune, arrogant et totalement anti-establishment. Dans son premier arc d’histoire, Anarky a attaqué des entreprises polluantes et des développeurs qui voulaient expulser un camp de sans-abri pour utiliser le site pour une banque. Cela place Batman dans la même position que le juge Dredd, appliquant un système social injuste contre un jeune rebelle. Dans le scénario de suivi de Bandes dessinées policières 618 – 621 (juillet – septembre 1990) Anarky vole des multinationales via le piratage informatique et redistribue l’argent aux pauvres du monde avant d’être déjoué par le partenaire de Batman, Robin. Après quelques histoires supplémentaires dans cette veine, Anarky a été victime d’un changement philosophique provoqué par la conversion de Grant à la philosophie « Neo-Tech » influencée par Ayn Rand. Anarky est passé de déclarer « Je suis contre tout ce qui est contre les gens ! Cruauté – Brutalité – Exploitation… Ce sont les ennemis du peuple » dans L’ombre de la chauve-souris 17 (septembre 1993) à proclamer la nécessité du capitalisme libéral dans sa propre mini-série.

Après avoir quitté L’ombre de la chauve-souris en 1997, Alan Grant a continué à travailler dans la bande dessinée. En 2012, il écrit la fiction historique les Loxley et la guerre de 1812, qui détaille l’expansion impérialiste américaine au Canada pendant la guerre titulaire et ses effets sur une famille canadienne. En 2020, il a aidé à créer la bande dessinée Manieve contre-attaque, qui documentait les luttes du village écossais de Manieve pendant les fermetures de COVID-19 et comprenait le travail de 60 villageois ainsi que de divers professionnels de la bande dessinée, le tout au profit des entreprises locales qui avaient été touchées. Pendant tout ce temps, il a continué à faire des pièces uniques pour 2000 après JC ou divers titres de Batman.

La politique de Grant était idiosyncratique et a fluctué tout au long de sa vie. Dans un 1988 Journal de la bande dessinée interview, John Wagner a décrit le duo comme « de droite avec des tendances de gauche ». À la fin des années 80, il s’est décrit comme un anarchiste et, comme déjà mentionné, dans les années 90, il est devenu un adepte de Neo-Tech. En 2021, il a déclaré qu’il était quelqu’un « qui a été expulsé des Jeunes conservateurs parce qu’il était trop à l’esprit travailliste et a été expulsé du Parti socialiste parce qu’il était trop à l’esprit conservateur ». Indépendamment de la politique, son travail a continué d’être impressionnant. Cependant, évidemment, ceux d’entre nous à gauche regarderont plus affectueusement ses histoires qui ont épousé une politique antiraciste, anti-entreprise et anti-guerre. Alan Grant, repose en paix.

Crédit d’image en vedette : Photos avec l’aimable autorisation de wikimedia, Library of Congress et wikimedia ; modifié par Tempest.